Le long des rives de la Meurthe, à Art-sur-Meurthe, se dresse la chartreuse de Bosserville. Le bâtiment a été construit entre 1666 et 1687 par l'architecte italien Giovanni Betto (qui a également donné ses grandes lignes à la cathédrale de Nancy) avec des matériaux venant entre autres des fortifications de Nancy et vraisemblablement du chateau de Custines. La chartreuse est de style classique, avec des touches baroques, et est considérée comme un modèle en la matière. En 1662, elle logeait 22 chartreux auxquels s'ajoutaient nombre de frères. La communauté produisait dans ses murs ce dont elle avait besoin pour se nourrir, notamment dans un verger planté dans le grand cloître.

Philippe Lett, président de l'ACCB

Les années ont passé, les religieux ont quitté l'édifice et un lycée professionnel s'est installé dans les locaux. Les jardins et vergers n'ont plus été entretenus ; la tempête de 99 a eu raison des derniers arbres du verger. Ce patrimoine serait certainement tombé aux oubliettes sans l'intervention de l'ACCB (Association pour la Conservation des Cloîtres et Vergers de la Chartreuse de Bosserville). Les enseignants et amateurs de patrimoine qui la composent ont commencé par réhabiliter une cellule pour la faire visiter lors des journées du patrimoine. La question du verger s'est posée ensuite. "Il ne s'agissait pas de refaire un verger de production avec plus de 100 arbres comme cela avait été le cas par le passé", explique Philippe Lett, président de l'association, "nous voulions créer un verger conservatoire dans l'esprit des chartreux et avec des variétés anciennes".

Le plan du verger conçu avec le CAUE :
beau à l'oeil, symbolique, conservatoire

C'est en travaillant avec le CAUE (Conseil en Architecture Urbanisme et Environnement de Meurthe-et-Moselle), qu'un compromis va être trouvé. L'association se décide pour la plantation de 48 arbres (un multiple de 12, nombre biblique). Elle se réfère à un registre chartreux pour élaborer la liste des variétés qui seront présentes au verger. On y trouvera un prunier Monsieur, un prunier de Damas, un pommier reine de reinette, des cerisiers, des poiriers... "Ce n'est pas évident de retrouver certaines variétés", explique l'enseignant, "aujourd'hui, on trouve essentiellement chez les pépinièristes des variétés récentes ou hybrides. Nous avons du aller dans les Vosges pour trouver certains arbres".

Les souches de l'ancien verger ont été arrachées en 2006. 16 arbres ont été plantés en 2007, 16 cette année, à la Ste Catherine. Ce sont les 26 élèves de 3ème découverte "Parcs et Jardins" qui ont réalisé ces travaux. Ils se relaient sur le site par groupe de 13 à raison de 5 heures par semaine. Ce sont eux qui cultivent le potager et qui ont dégagé l'allée pavée qui mène au puit, au centre du grand cloître. La production du potager, même modeste, est vendue. Les fonds, auxquels s'ajoutent les cotisations des adhérents et d'éventuels dons, permettent à l'association de poursuivre sont travail : il reste 16 arbres à planter en 2009.

Les travaux sont réalisés par les élèves de 3ème découverte Parcs et Jardins

Il faut maintenant attendre que la nature finisse de donner forme à ce verger conservatoire.

Un verger qui renaît

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